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COMMENT TRAVAILLER CET HIVER AVEC L'HERBE 2012 FOIN-REGAIN GARE AU DÉRAPAGE À COURIR DERRIÈRE LES KILOS DE LAIT

Cette année plus que jamais avec le renchérissement de l'aliment, si la qualité du foin n'est pas au rendez-vous, acceptez de baisser votre objectif de performance animale.© J.-M.V.

Pour les foins, tout s'est joué à la première « fenêtre de tir », tôt en saison, que tout le monde n'a pas saisie. En découle une teneur en azote soluble faible pour beaucoup. Même constat pour les ensilages. Mais là le déficit est surtout marqué en énergie.

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QUELLES VALEURS ALIMENTAIRES ?

2012 est l'une de ces années qui, en Franche-Comté ou dans les Savoie, a fait sourire les uns et fait pleurer les autres. Les premiers sont ceux qui ont osé et pu profiter de la toute première « fenêtre de tir ».Résultat : une première coupe réalisée de manière idéale avant le 1er juin. Les seconds, la majorité, sont ceux qui ont dû attendre fin juin pour sortir la faucheuse. Parmi eux, certains ont d'ailleurs fini leur foin quand ceux qui avaient fauché fin mai attaquaient leurs regains.

Résultat sans surprise : entre ces foins précoces et tardifs une différence de MAT de 20 points. Exemple sur le massif du Jura, d'après les analyses du contrôle laitier du Doubs, les premières coupes réalisées avant le 1er juin titrent 9 à 10 % de MAT (56 à 63 g de PDIN et 70 à 72 g de PDIE).En revanche, celles effectuées fin juin-début juillet tournent à seulement 8 % de MAT (50 g de PDIN et 67 de PDIE).Même constat dans le Jura. « 2012 est de ces années où l'on touche du doigt toute la pertinence du séchage en grange. Ila notamment permis à certains de récolter entre les gouttes courant juin profitant de plusieurs "ouvertures" de deux jours sans pluie », soulignent Pierre-Emmanuel Belot, ingénieur lait à Jura Conseil élevage, et Nicolas Gaudillière, son homologue du Doubs-Territoire de Belfort. La baisse de valeur énergétique apparaît moins tranchée. Dans le Doubs, elle passe de 0,67 à0, 68 UFL pour les foins de fin mai à 0,64-0,65 pour ceux de fin juin-début juillet. Résultats similaires dans le Jura où la moyenne des 89 analyses les situe à 0,67 UFL, en net retrait par rapport à la qualité engrangée en 2011 (0,71 UFL).

En revanche, la qualité des regains apparaît beaucoup plus homogène, qu'ils aient été récoltés en juillet ou en août. Les premiers ont bénéficié d'une pluviométrie importante, les seconds d'une bonne réserve hydrique des sols. Résultat de ces conditions de pousse mais aussi de récolte idéales : une bonne richesse en MAT à valoriser dans la ration. La quarantaine d'échantillons analysés dans le Jura la situe autour de 15 % (13 % dans le Doubs). La valeur énergétique n'est pas en reste : 0,8 UFL/kg de MS dans le Doubs (sur 16 échantillons), 0,75 à 0,80 UFL dans le Jura. Observation complémentaire de Pierre-Emmanuel Belot sur la teneur en PDI des regains jurassiens : « L'écart de 5 points à la faveur des PDIN (94 g/kg de MS) sur les PDIE (89 g/kg de MS) sera utile, mais pas suffisant pour compenser la différence PDIN/PDIE de nos foins de 10 points, voire plus parfois. »

LES CONSEILS PRATIQUES

« Ceux qui ont la chance d'avoir engrangé un foin précoce de qualité doivent absolument chercher à valoriser l'azote de leur fourrage et apporter juste ce qu'il faut en concentrés, en visant un équilibre global de la ration proche des 100 g de PDI/UFL, explique Nicolas Gaudillière. Avec 60 % de ce foin de très bonne qualité et 40 % de regain, on peut couvrir 22 kg de lait avec 4 kg d'un concentré dosant 18 à19 % de MAT. Viser un niveau de production supérieur sera tout à fait possible, sans atteindre une proportion de concentrés rapidement à risque vis-à-vis de l'acidose. Toutefois, l'efficacité du concentré diminuant quand sa proportion augmente dans la ration, attention, tout particulièrement cette année, à s'assurer que le lait permis par les derniers kilos d'aliments compense les frais supplémentaires engagés. »La problématique est bien différente avec les foins tardifs. Aussi bons soient-ils, les regains ne pourront pas combler leur carence en MAT… même s'ils sont apportés à 50 % de la ration, une possibilité sans risque compte tenu de la fibrosité de ces foins du mois de juillet. Dans ces conditions, la priorité sera de combler le déficit en azote soluble des rations. À défaut, on risque un mauvais fonctionnement du rumen, une mauvaise valorisation du fourrage et des concentrés… et, au final, un niveau de produc production laitière qui ne soit pas au rendez-vous.

L'ERREUR À ÉVITER

Nicolas Gaudillière et Pierre-Emmanuel Belot mettent engarde ceux qui seraient tentés de recourir à un complémentaire moins riche en azote, compte tenu de la flambée du prix des tourteaux, quitte à en distribuer plus. « Mieux vaut en distribuer moins et apporter assez d'azote soluble. À défaut, on risque de substituer de l'azote par de l'énergie favorisant la prise d'état. » A cette problématique s'ajoute celle de la quantité de concentré distribuée. Atteindre 22 kg de lait avec une ration de base composée de 60 % de foin tardif et 40 % de regain nécessitera jusqu'à 6,5 kg de concentrés titrant 19-20 % de MAT. Si les objectifs de production sont supérieurs, la proportion de concentrés dans la ration pourra vite devenir problématique pour le fonctionnement de la panse. « S'il y a des économies à faire, ce n'est surtout pas sur la qualité du concentré d'équilibre qu'il faut les chercher, mais sur les quantités du concentré de production », insistent les deux techniciens. Conclusion pour ceux qui cherchent à produire du lait d'abord avec les fourrages pour maximiser l'EBE : si la qualité n'est pas au rendez vous, accepter de baisser votre niveau de production.

JEAN-MICHEL VOCORET

« Attention à ne pas faire d'impasse sur la qualité du concentré azoté. » PIERRE-EMMANUEL BELOT, ingénieur lait à Jura Conseil élevage

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